La paroisse Notre Dame de l’Espérance a organisé, comme depuis plusieurs années déjà, une soirée « bol de riz » dans le cadre du carême 2017 au profit, cette année, de l’association Trait d’Union St Léonard.
De fidèles paroissiens ont répondu nombreux à l’invitation lancée pour déguster le délicieux riz vietnamien préparé par Toan et visionner ensuite un film traitant du thème de la désistance qui présentait le témoignage d’un ancien détenu écossais étant parvenu à sortir de son parcours de délinquance pour devenir conseiller de probation.
Un échange avec l’assemblée a eu lieu ensuite entre Francis Bonnet, président de l’association et Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, ainsi qu’avec le père Zanga et Muriel, aumôniers de la maison d’arrêt de Nice.
Nul doute que cette discussion et cette soirée ont permis de mieux appréhender le monde difficile et souvent mal connu des prisons et de la vie que les détenus y mènent, souvent dans l’indifférence générale …
Ce sont pourtant des hommes et des femmes qui demeurent des personnes et des êtres humains à part entière et qui ne demandent qu’à continuer à être regardés avec respect et considération malgré les erreurs et les torts commis.
Le pape François ne demande pas autre chose dans son commentaire des œuvres corporelles de miséricorde dont celle de visiter les prisonniers :
Visiter les malades et les prisonniers “est une invitation au partage”, souligne le pape lors de l’audience générale
Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 10 novembre 2016 (*)
Lors de l’audience générale du 9 novembre 2016, place Saint-Pierre, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur la miséricorde dans le Nouveau Testament. Dans sa méditation du jour, il a notamment souligné qu’assister les malades et visiter les personnes incarcérées – œuvres de miséricorde très anciennes –, sont une invitation de la part du Seigneur « à un geste plein d’humanité : le partage ». « Rendre visite à une personne malade peut l’aider à se sentir moins seule, et lui offrir un peu de compagnie est pour elle un excellent remède ! », a ainsi expliqué le pape François. Tout comme visiter les personnes en prison est une œuvre de miséricorde « qui revêt (…) une importance particulière du fait de la “justice à outrance” auxquelles nous sommes soumis». « Ne nous montrons pas du doigt les uns les autres », a souhaité le pape François.
Chers frères et sœurs, bonjour !
La vie de Jésus, en particulier durant les trois années de son ministère public, est une succession ininterrompue de rencontres. Parmi elles, les personnes malades ont occupé une place particulière. Tant de pages de l’Évangile nous racontent ces rencontres : avec le paralytique, l’aveugle, le lépreux, le possédé, l’épileptique, et les innombrables malades de toutes sortes… Jésus s’est fait proche de chacun d’eux et les a guéris par sa présence et la puissance de sa force qui relève. C’est pourquoi il devait nécessairement y avoir parmi les œuvres de miséricorde, celle de visiter et d’assister les malades.
À celle-ci, on peut également associer celle d’être proche des personnes qui sont en prison. En effet, aussi bien les malades que les prisonniers vivent dans une situation où leur liberté est limitée. C’est précisément quand elle vient à nous manquer que nous réalisons à quel point elle nous est précieuse ! Jésus nous a donné la possibilité d’être libres malgré la maladie et les restrictions de toutes sortes. Il nous offre la liberté qui vient de la rencontre avec lui et du sens nouveau que cette rencontre donne à notre situation personnelle.
Par ces œuvres de miséricorde, le Seigneur nous invite à un geste plein d’humanité : le partage. Souvenons-nous de ce mot : le partage. Celui qui est malade se sent souvent seul. Nous ne pouvons nier, en particulier de nos jours, que c’est dans la maladie que l’on expérimente la solitude la plus profonde, solitude qui caractérise une grande partie de notre vie. Rendre visite à une personne malade peut l’aider à se sentir moins seule, et lui offrir un peu de compagnie est pour elle un excellent remède ! Un sourire, une caresse, une poignée de main sont des gestes simples, mais si importants pour celui qui se sent abandonné à lui-même. Il y a tant de gens qui se consacrent à la visite des malades dans les hôpitaux ou à domicile ! C’est un geste bénévole qui n’a pas de prix. Quand il est fait au nom du Seigneur, il devient alors une expression parlante et efficace de la miséricorde. Ne laissons pas seules les personnes malades ! Ne les empêchons pas de trouver un réconfort, et ne nous privons pas de cette richesse que constitue la proximité avec une personne qui souffre. Les hôpitaux sont de véritables « cathédrales de douleur », dans lesquels se manifeste pourtant de façon évidente la force de la charité, qui apporte soutien et compassion.
De la même façon je pense à ceux qui sont enfermés en prison. Jésus ne les a pas non plus oubliés. En incluant la visite aux prisonniers dans les œuvres de miséricorde, il a voulu avant tout nous inviter à ne pas juger les autres. Certes, si quelqu’un est en prison, c’est parce qu’il a commis une erreur, parce qu’il n’a pas respecté la loi ni les règles du vivre-ensemble. Il est donc en prison pour purger sa peine. Mais quoiqu’un prisonnier ait pu faire, il demeure pourtant toujours aimé de Dieu. Qui peut entrer dans l’intimité de sa conscience pour dire ce qu’il éprouve ? Qui peut comprendre sa douleur et son remord ? Il est trop facile de s’en désintéresser en affirmant qu’il a commis une erreur. Un chrétien est plutôt appelé à s’en occuper afin que celui qui a commis une erreur comprenne le mal qu’il a fait et qu’il fasse un travail sur lui-même. Le manque de liberté est sans aucun doute l’une des plus grandes privations qui soit pour l’être humain. Si on ajoute à cela le sentiment de dévalorisation dû aux conditions souvent déshumanisées dans lesquelles ces personnes se retrouvent à vivre, on est alors vraiment dans une situation où un chrétien doit se sentir appelé à tout faire pour leur rendre leur dignité.
Visiter les personnes en prison est une œuvre de miséricorde qui revêt, surtout aujourd’hui, une importance particulière du fait de la « justice à outrance » auxquelles nous sommes soumis. Ne nous montrons pas du doigt les uns les autres. Soyons tous au contraire des instruments de miséricorde, par des attitudes de partage et de respect. Je pense souvent aux prisonniers… J’y pense souvent et je les porte dans mon cœur. Je me demande souvent ce qui les a poussés à se mettre hors la loi et comment ils ont pu céder aux différentes formes de mal. Et pourtant, tout en pensant cela, je sens qu’ils ont tous besoin de proximité et de tendresse, car la miséricorde de Dieu accomplit des prodiges. Combien de fois ai-je vu des larmes couler sur les joues de prisonniers qui n’avaient peut-être jamais pleuré de leur vie : et cela uniquement parce qu’ils se sont sentis accueillis et aimés.
Et n’oublions pas que Jésus et les apôtres ont eux aussi fait l’expérience de la prison. Dans les récits de la Passion, nous savons à quelles souffrances le Seigneur a été soumis : capturé, traité comme un malfaiteur, moqué, flagellé, couronné d’épines… Lui, l’Innocent ! Saint Pierre et saint Paul également sont allés en prison (cf. Ac 12,5 ; Ph 1,12-17). Dimanche dernier – qui était le dimanche du Jubilé des prisonniers – un groupe de prisonniers de Padoue est venu me voir dans l’après-midi. Je leur ai demandé ce qu’ils allaient faire le lendemain avant de retourner à Padoue. Ils m’ont répondu : « Nous irons à la prison Mamertine pour vivre l’expérience de saint Paul ». Quel beau geste, cela m’a touché. Ces détenus voulaient aller à la rencontre de Paul prisonnier. Que c’est beau ! Cela m’a touché. Et là aussi, en prison, ils ont prié et évangélisé. Le passage des Actes des apôtres qui raconte l’emprisonnement de Paul est émouvant : il se sentait seul et désirait que l’un de ses amis lui rende visite (cf. 2 Ti 4, 9-15). Il se sentait seul car la plupart des gens l’avaient laissé seul… lui, Paul.
Comme on le voit, ces œuvres de miséricorde sont très anciennes, et pourtant elles sont toujours d’actualité. Jésus a laissé ce qu’il était en train de faire pour aller rendre visite à la belle-mère de Pierre; une œuvre de charité accomplie il y a longtemps. Jésus l’a fait. Ne tombons pas dans l’indifférence, devenons des instruments de la miséricorde de Dieu. Nous pouvons tous être des instruments de la miséricorde de Dieu. Et cela nous fera plus de bien à nous qu’aux autres parce que la miséricorde passe à travers un geste, une parole, une visite, et cette miséricorde est un acte qui rend joie et dignité à ceux qui les ont perdues.
Un grand merci à toutes les personnes présentes qui sont venues en cette soirée « visiter les prisonniers » et participer à notre action d’aide aux sortants de prison par leur offrande et leur soutien !!! …