Saint Vincent de Paul – L’apôtre de la charité
Fils de paysan des Landes, Vincent de Paul voit dans la prêtrise l’occasion d’une ascension sociale. En allant à Paris, il se met au service de Marguerite de Valois, ancienne reine au titre de son mariage avec le roi Henri IV. Il est chargé de distribuer ses aumônes aux pauvres. Il entre ensuite au service des Gondi, grande famille de France. Desservant les paroisses, visitant les villages, il découvre la misère des campagnes. Chargé d’assurer une présence spirituelle auprès des galériens, il mesure aussi l’urgence à être auprès des exclus. Il s’entoure de prêtres désireux de servir les pauvres et fonde la Congrégation de la mission, les lazaristes, qui s’étendra rapidement dans le monde. Son but : « suivre le Christ évangélisateur des pauvres ». La spiritualité de saint Vincent de Paul marque son temps. Il est déclaré saint en 1737 et patron des œuvres de charité.
SAINT VINCENT DE PAUL 1581 – 1660
Monsieur Vincent, géant de la charité, nous échappera toujours et ne se laissera pas appréhender facilement. Mais il nous dit avec son air malicieux de gascon : « le temps change tout ». Alors, que nous dit-il, 350 ans après et toujours vivant ?
D’abord qu’il est un homme intérieur. Il est un être habité, ouvert au mystère Trinitaire, en état de béance, complètement offert au Père, au Fils et à l’Esprit. Jour après jour, il se présente comme un homme d’oraison qui devient par le fait-même, capable de tout. La passion du Royaume l’habite et il se veut à la recherche de la grâce qu’il sait toujours à l’œuvre dans son propre cœur.
Son action se trouve décuplée par la prière. Il sait qu’il ne peut rester les bras croisés et qu’il doit aimer Dieu « à la force de ses bras et à la sueur de son visage ». Sa devise préférée scande sa vie et son engagement : « Toute notre vie est dans l’action ». Il travaille, missionne, organise, administre, convoque, rassemble, encourage, stimule, reprend et envoie sans cesse les autres vers leur possible. Il se dépasse lui-même et choisit de faire « davantage ».
Son exemple préféré est le Christ lui-même qu’il revisite sous deux aspects préférentiels : le Missionnaire et le Serviteur. Il met ses pas dans ceux de Jésus qui annonce la Bonne nouvelle et il sait qu’il n’a jamais fini de la dire à tous ceux qui ne la connaissent pas. Il fait sien l’envoi du Christ de saint Luc : « Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres » (Luc 4, 18). Inlassablement il copie le Missionnaire du Père en se faisant lui-même apôtre sur le terrain. Qui le réduirait assis à un bureau, le trahirait et casserait son identité profonde : c’est un pasteur épris des brebis à rassembler. Il est aussi amoureux du Christ à genoux aux pieds de ses apôtres et se faisant l’exemple à suivre. Vincent court après le malheureux, le blessé de son temps et tous les petits méprisés et exclus. Toutes les formes de pauvreté l’accaparent et il invente pour eux les meilleures réponses du moment. Il donne la consigne dont il vit et qu’il reçoit de Jésus lui-même : « Tout ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Ainsi motivé par ce double regard complémentaire sur le Christ, il guette volontiers la volonté de Dieu qu’il essaye de vivre ensuite au rythme des événements et des personnes qui croisent sa vie. Il privilégie le Dieu Providence ; il aime aller à son pas et « courir aux besoins du prochain comme au feu ». Il concilie les contraires parce qu’il se simplifie et s’unifie en Dieu.
Il est profondément prêtre, fidèle au sacerdoce commun des fidèles, épris de son baptême, prêt à mourir à lui et à vivre déjà en ressuscité, pétris de vertus aux racines humaines, comme la simplicité, l’humilité, la douceur, la prudence ou l’ascèse. Il est un homme du réel. Il célèbre volontiers tout cela et la rencontre de ses amis les pauvres, dans son Eucharistie quotidienne, heureux d’être en état d’offertoire et d’action de grâce. Il ne vit que pour Dieu et le prochain.
Il rejoint tous les saints de la charité et devient le pionnier de l’inventivité et de la créativité. Son génie est de fédérer les énergies de bonne volonté et d’inventer une charité organisée et porteuse de l’Evangile. Il fonde les confréries de la Charité (aujourd’hui équipes st Vincent ou Association internationale des charités (A.I.C), la Congrégation de la Mission (Lazaristes), la Compagnie des Filles de la Charité avec sainte Louise de Marillac et, dans le temps, il inspirera le Bienheureux Frédéric Ozanam, heureux de mettre sa Société sous son patronage.
Son ardeur est légendaire. Il ouvre son cœur aux dimensions du monde et sa joie est d’envoyer des missionnaires à Madagascar et de mourir le regard déjà tourné vers la Chine. Son dernier clin d’œil est pour nous dire que la mission est universelle.
Pier Giorgio Frassati : modèle pour les jeunes bénévoles
Ce jeune italien de bonne famille a été un serviteur des pauvres discret. Son cœur s’ est ouvert très tôt à la détresse des ouvriers et des pauvres dans la ville de Turin, où habite sa famille qui ne partage pas sa foi. À sa propre initiative, puis à travers la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, il visite les pauvres. Tourné vers le dépassement de soi, il a une passion pour les sommets montagneux qu’il gravit un a un. Il mène ses études à fond, envisage d’être prêtre, tombe amoureux, s’engage en politique contre le fascisme. Il meurt à 24 ans, frappé par la poliomyélite contractée lors d’une visite à un malade. Il est béatifié et déclaré patron des sportifs et des confréries par Jean-Paul II en 1990.
Frédéric Ozanam, fondateur du réseau de charité
Frédéric, c’est un peu le premier de la classe. Il réussit tout ce qu’il entreprend. Il étudie le droit puis les lettres et devient professeur à la Sorbonne. Il parle couramment plusieurs langues et a de nombreux amis. Il épousera Amélie dont, il aura une fille, Marie. Il est catholique et comme tout jeune étudiant, c’est un passionné. Pendant la première moitié du XIXe siècle, les débats font rage entre les courants athées et le catholicisme. À 20 ans, Ozanam dépasse ces débats d’idées et met sa foi en action avec quelques amis étudiants. À l’école de Soeur Rosalie Rendu, il se lance dans la visite aux plus pauvres dans un esprit proche de celui de saint Vincent de Paul : contemplation, action et organisation. Son groupe grandit à Paris puis se multiplie en France et à l’étranger. Placées sous la protection de saint Vincent de Paul, les petites équipes prennent le nom de Conférences de Saint-Vincent-de-Paul réunies au sein de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Il est déclaré bienheureux en 1997.
Ste Marie Dominique Mazzarello, Don Bosco au féminin
Marie Dominique nait le 9 mai 1837 dans un hameau du village de Mornèse, dans le Piémont. Elle est l’ainée de sept enfants. Il n’y a pas d’école au village. C’est son papa qui, au retour des champs, où elle a travaillé tout le jour, lui apprend un peu à lire et à compter sur ses doigts.
Dès son treizième anniversaire, Marie Dominique se rend tous les matins à jeun pour la messe et entendre les enseignements d’un jeune prêtre, don Pestarino, un ami de Don Bosco, qui participe du même courant de « re-conversion » et de restauration religieuse, né pour contrer l’esprit anti-chrétien de la Révolution française.
Durant l’été 1860, une épidémie de typhus s’abat sur la région. Marie Dominique passe de maison en maison soigner les malades. Bientôt, elle est atteinte elle-même par le mal. Faisant confiance en Dieu, elle n’en meurt pas. Elle en ressort affaiblie mais vivante. Et porteuse d’une mission reçue en songe, qui la guidera jusqu’à son dernier souffle : la Vierge Marie lui apparait, lui montre une grande bâtisse avec une vaste cour d’école où joue une multitude d’enfants. Et une voix lui dit : « A toi, je les confie pour que tu en prennes soin ».
Peu à peu, elle comprendra le sens de ce songe. Elle se sent appelée à une mission. Avec Angela Maccagno et quelques autres jeunes filles nourries du même idéal, elle ouvre un premier atelier pour les jeunes filles du village, puis un deuxième, un internat, et un patronage. Tout comme Don Bosco le faisait dans les faubourgs de Turin.
Justement Don Bosco passe à Mornèse, au cours d’une promenade d’automne. C’est le 7 octobre 1887. Don Pestarino présente au prêtre de Turin son groupe de Filles de l’Immaculée. Marie Dominique est comme transportée par cette rencontre décisive. Don Bosco lui-même est conquis par ce petit groupe. Et lorsque le Pape Pie IX lui demande de s’occuper de l’éducation des filles, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers les filles de l’Immaculée de Mornèse. Après avoir refusé et par obéissance, Marie Dominique accepta la charge de supérieure demandée par Don Bosco lui-même. La communauté de Mornèse vit de la devise des salésiens « Travail et Tempérance » dans une très grande pauvreté mais avec courage et une joie contagieuse. Un vrai souffle emplit la communauté, attirant de nombreuses vocations. La ruche essaime : en Italie, en France (Nice, Marseille, Saint Cyr, La Navarre), en Argentine. Lorsque, le 14 mai 1881, Marie Dominique meurt d’épuisement, à 44 ans, l’institut qu’elle a fondé compte déjà 139 religieuses, 5O novices et plus de 25 communautés.
Quel est donc le secret de Marie Dominique ? Il tient en deux mots : « Prendersi Cura » : l’art de prendre soin de l’autre. Prendre soin de l’autre, c’est une manière d’être, une attitude qui englobe l’éducation de toute la personne. Cela requiert plus que le professionnalisme, mais une disposition intérieure à mettre son propre bonheur dans celui des autres… même si cela demande beaucoup de temps et de patience.
L’affluence de vocations à Mornèse puis dans toutes les maisons salésiennes du monde est la preuve la plus manifeste de la fécondité de la pédagogie de Marie Dominique.
François Jeanselme, Chef d’établissement, Don Bosco, Lyon (69)
Prendre soin de l’autre
C’est l’histoire d’Emma Ferrero. Elle arrive à Mornèse à l’âge de dix huit ans, avec déjà une certaine expérience de la vie : sorties, bals, compagnies… Jusqu’au jour où son père, faisant faillite, recourt à Don Bosco pour être aidé. Emma, pour s’épargner la honte et pour pouvoir étudier, est obligée de venir en pension chez les sœurs. Cependant une révolte intérieure gronde chez elle. Sourire en coin, ironie, impertinence sont ses réponses à toute personne voulant s’approcher d’elle. C’est là que se révèle le génie éducatif de Marie Dominique. Avec une infinie patience, elle attend qu’Emma s’habitue à son nouveau milieu de vie. Au début, elle ne lui dit rien, ne la réprimande pas, ne la condamne pas. Jamais elle ne se décourage devant ses réactions impulsives et provocatrices. Au contraire, elle l’entoure de respect, conciliant en elle l’accueil maternel et la fermeté éducative. Il faudra sept mois pour qu’Emma décide de changer de vie, ce qu’elle fera de façon radicale : en présence de toutes ses compagnes, elle brûle toutes les lettres qu’elle possédait. « Emma, dit Marie Dominique, parut sereine, calme comme quelqu’un qui obéit à une voix intérieure ».
Emma se sent aimée. Aimée, elle saisit qu’en elle il y a la possibilité de changer de vie.
La personne, pour Marie Dominique, est par sa nature foncièrement bonne, réceptive, sensible, capable d’enthousiasme pour le bien. C’est la personne profonde qui va être acteur de sa croissance, avec la guidance discrète et bienveillante de l’éducateur.
Marie Dominique voit dans la personne les ressources positives qu’elle porte. Jamais elle ne désespère du jeune et de ses capacités à s’améliorer, à se vaincre soi-même, à lutter contre les tendances négatives pour être vraiment libre d’aimer et de servir.
L’amour qui anime Marie Dominique est un amour vrai, qui se manifeste aussi dans la décision ferme de la correction fraternelle. Prendre soin de l’autre, c’est aussi illuminer et corriger en exigeant de chaque personne tout ce qu’elle peut donner de meilleur.