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À l’occasion du Jubilé du monde carcéral, les 5 et 6 novembre à Rome, le pape François a souhaité une amélioration des conditions de vie dans les prisons et demandé aux autorités civiles de faire acte de « clémence » à l’égard des détenus jugés aptes à réintégrer la société. C’était à l’angélus, face à plus de mille détenus de différentes nationalités – une trentaine venus d’Espagne et les autres incarcérés en Italie – qui ont assisté à la messe du Saint-Père sous bonne escorte.
Soit quelque 4000 personnes venues du monde entier, entre détenus et familles, aumôniers et gardiens de prison, représentants d’associations et d’anciens prisonniers, rapporte l’agence I-Media. À droite de l’autel, présence très significative d’une Vierge à l’Enfant portant une chaîne brisée, la chaîne de l’esclave et de la détention. Les hosties utilisées pour la communion ont été fabriquées par des détenus d’un grand centre de détention près de Milan.
Une justice pénale ouverte à l’espérance
Dans le prolongement de son homélie, où il avait dénoncé « un manque de confiance dans la réhabilitation et la réinsertion » du prisonnier dans la société, et une certaine « hypocrisie » à ne voir en ces détenus « que des personnes ayant commis une faute » sans penser qu’ils pourraient « changer de vie », le Saint-Père a réaffirmé l’importance d’une justice pénale qui ne soit pas exclusivement « punitive » mais ouverte à « l’espérance et à la perspective d’une réinsertion du prisonnier » dans la société. Appelant les autorités compétentes à améliorer les conditions de vie des détenus » afin que soit pleinement respectée leur dignité humaine ».
Certes, a-t-il reconnu, « le manquement à la loi mérite condamnation ; et la privation de la liberté est la forme la plus lourde de la peine qui est purgée, car elle touche la personne dans son fond le plus intime ». Néanmoins, l’espérance ne peut s’envoler, car, « ce que nous méritons pour le mal fait » est une chose, une autre « l’espérance que l’on respire et que rien ni personne ne saurait étouffer ». Alors, « chers détenus », a encouragé le Saint-Père, « c’est le jour de votre Jubilé ! Qu’aujourd’hui, devant le Seigneur, votre espérance soit allumée (…) Il ne dépend pas de moi de pouvoir la concéder ; mais susciter en chacun de vous le désir de la vraie liberté est une tâche à laquelle l’Église ne peut renoncer ».
Tous pécheurs, tous prisonniers…
Ne pas avoir confiance dans la réhabilitation et la réinsertion sociale, c’est oublier que « nous sommes tous pécheurs », et souvent aussi « prisonniers » de « nos propres préjugés », enfermés dans des « schémas idéologiques » pour notre soi-disant « bien-être », entre « les murs étroits de la cellule de l’individualisme et de l’autosuffisance », privés de « la vérité qui génère la liberté ». Pointer le doigt contre quelqu’un qui a commis une faute « ne peut devenir un alibi derrière lequel cacher ses propres contradictions », a insisté le Pape. Et de rappeler alors : « Nous savons, en effet, que personne devant Dieu ne peut se considérer juste (Rm 2, 1-11). Mais personne ne peut vivre sans la certitude de trouver le pardon ! ».
Le passé ne peut être réécrit, s’est-il alors adressé directement aux détenus, mais « l’histoire qui commence aujourd’hui, et qui regarde l’avenir, est encore toute à écrire (…) En apprenant des erreurs du passé, on peut ouvrir un nouveau chapitre de la vie ».
Pour une grande amnistie
Le pape François est très proche des prisonniers. Il ne perd pas une occasion de leur exprimer son affection, visitant de nombreuses prisons, en Italie comme lors de ses déplacements à l’étranger. « Changer notre regard sur les prisonniers, c’est nous replacer, non seulement sur le chemin de la miséricorde, mais sur celui de la vérité et de l’humilité », avait-il exhorté en septembre 2014, devant des milliers de pèlerins place Saint-Pierre. Et dans sa Lettre accordant l’indulgence à l’occasion du Jubilé extraordinaire de la miséricorde, il ne les avait pas oubliés, précisant : « Le Jubilé a toujours constitué l’opportunité d’une grande amnistie (…) Qu’à toutes ces personnes, parvienne de façon concrète la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le plus besoin de son pardon. Dans les chapelles des prisons, elles pourront obtenir l’indulgence et, chaque fois qu’elles passeront par la porte de leur cellule, en adressant leur pensée et leur prière au Père, puisse ce geste signifier, pour elles, le passage de la Porte Sainte, car la miséricorde de Dieu, capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les barreaux en expérience de liberté ».